Histoire du domaine



Situé au cœur de la pittoresque campagne normande, le Château de la Motte est un trésor historique qui témoigne de plusieurs siècles d'histoire. Le château se dresse au bout de la plus longue allée existante de Normandie (900 mètres) qui relie la commune de Joué-du-Plain au village d'Écouché dans l’Orne. Il conserve plusieurs vestiges de son passé comme une motte castrale, une glacière, des douves, un belvédère ainsi que des communs construits sous Louis XIV par les architectes de la place de la Concorde, originaires d’Argentan.


L'histoire de ce château débute à l'époque viking. Le château de la Motte tire son nom du petit talus boisé à côté de la maison actuelle. Le petit monticule est le vestige d'une motte castrale typiquement normande (aussi appelée motte féodale) construite au cours de la première période normande du Xe et XIe  siècles.


Le plus célèbre propriétaire du château fut sans conteste Gabriel de Montgommery II qui acquit le château par mariage. Son père, Gabriel de Montgommery Ier, commandant de la garde écossaise, est tristement célèbre pour avoir tué accidentellement le roi Henri II de France lors d'un tournoi de joutes amical en 1559. Le fils, Gabriel II, marié à Suzanne de Bouquetot, fille du baron d'Écouché, devient le seigneur du château de la Motte en 1593. Les Montgommery n'ont probablement pas ajouté de constructions à La Motte, mais s'y rendirent souvent.


La seconde illustre famille à avoir possédé la Motte est la famille Ango. C’est eux qui construisirent une grande partie du château tel qu’on le connaît aujourd’hui à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle. Un an après la mort de Nicolas Ango (1654), riche bourgeois et conseiller du roi, sa veuve achète le château d’origine aux descendants de Gabriel de Montgomery I er et entreprend dans les années 1660 la construction de la ferme. Son fils, Jean Baptiste Ango, devenu marquis, y construira vers 1700 la résidence principale, et probablement ce qui perdure aujourd’hui des dépendances et des murs d’enceinte de la Motte. Jean Baptiste Ango IV vendit le château juste avant le début de la Révolution française.


À la Révolution, comme la plupart des châteaux, le château fut probablement pillé mais pas incendié, comme le veut l'imaginaire populaire. Les pierres de la maison principale furent vendues aux fermes voisines.


En 1820, l'éminente famille Deschamps achète le château et construit la maison principale telle que nous la connaissons aujourd’hui. Celle-ci est datée de 1821-1822, tout comme la grange et la maison du verger qui ont des dates similaires gravées sur les entrées, indiquant une reconstruction substantielle du domaine par la famille. André de Champrepus, le petit-fils du Deschamps d'origine, est le dernier marquis de la Motte. Il est mort au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.


Mais l’épisode le plus notable du château fut probablement son rôle en tant que centre de la Résistance. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le château fit officiellement office de laiterie et de maison de repos pour des prostituées parisiennes. Cette couverture lui permit d'assurer un rôle officieux de premier ordre comme quartier général de la Résistance. Des pilotes alliés en fuite et un important dépôt d'armes y furent cachés. La découverte du dépôt par les Allemands entraînât l'assassinat du maire de Joué-du-Plain et l’occupation du château par les soldats Allemands.